Un voyage dans le monde des Oghams
Ngetal
Un corps meurtri par les outrages du temps. Des plaies ouvertes par les accidents de la vie, les guerres, les incidents… Un quelque chose à dire de plus grand. La maladie sur le corps, doucement s’étend…
Les maux du corps sont un langage sacré. Les maux du corps sont des appels. Des appels de nos profondeurs. Parfois, de nos profondeurs les plus terribles, les plus secrètes. Dans ces profondeurs résident parfois des êtres, des habitudes, qui parfois ne nous appartiennent pas. Mais ils sont là. Ils s’immiscent dans nos tissus, dans les interstices de nos êtres…
Les malaises que l’on croisent tout au long de nos vies, sont aussi des mots qu’il est parfois possible d’entendre. Difficile d’entendre quoi que se soit lorsque l’on est tourmenté par le corps. En pleine tempête, il est difficile d’entendre le chant d’une enfant.
Avant la tourmente de la douleur, il y a d’abord celle de l’inconfort, qui se mêle à la peur… La peur de ne plus faire ce que nous avions l’habitude de faire. La peur de ne pas être efficace, de ne pas être aussi présent. La peur de mourir à ce que l’on était. Passer de l’insouciance de la santé, à l’inconfort d’un nez qui coule est parfois difficile à vivre pour certains…
Remarquons que plus l’inconfort est réel, et plus le lâcher prise devient nécessaire. Il n’y a pas à lutter contre des mots. Il y a à entendre. A comprendre. Prendre avec soi le message de ce corps, et savoir pourquoi il ne nous permet plus d’être, de faire, de jouir…
Les maux, les malaises, les maladies, s’installent là où il y a déséquilibre. Dysharmonie. La nature de la vie veut que l’on soit en pleine santé. Pas empêché par des grippes, des allergies. La maladie est une quête de la nature pour retrouver un équilibre. Une réaction face à une agression. Qu’elle soit ponctuelle ou répétée.
La santé correspond à un état naturel duquel nous nous éloignons de plus en plus. Nous nous nourrissons d’aliments qui ne sont pas adaptés à nos corps. Nous vivons dans des environnements qui ne sont pas adaptés à la vie. Passer son temps dans une boîte, entourée de celles de nos voisins. Boîtes éclairées par des lumières mortes, en regardant des boites à images qui nous font vivre ,par procuration, mais pour de vrai dans nos têtes, des guerres, des famines, des souffrances sans nom. Nous sommes otages de situations dont on ne peut rien. Si une guerre éclate à nos portes, nous pouvons agir. Fuir ou combattre. Mais ici, non. Rien à fuir. Rien à combattre. Juste à subir. Et cela rend fou. Vraiment. Les corps et les âmes se décomposent de ne pas pouvoir vivre vraiment.
Il y a, je crois, une harmonie à rechercher. Une quête à poursuivre pour notre temps. La quête de la véritable vie. Celle qui nous amène à voir l’inconfort de manière ludique. Celle qui nous amène à agir, et à ne plus subir. Celle qui nous amène à rencontrer la vie.
Certaines dysharmonie ne nous appartiennent pas. Autant nous sommes plus ou moins responsable de notre manière de nous alimenter, de faire ou non de l’exercice, de fumer, de boire plus que de raison, de ne pas assez nous reposer, ou de ne pas assez travailler… Autant, nous vivons à une époque où la société dans son ensemble nous emmène dans le mur. Le progrès qui est venté par tant d’esprits soit disant éclairés, n’est pas forcément, et pas toujours un bienfait. Le fascisme de la croissance, de la modernité, impose une transformation, une mutation, que les corps et les âmes ont du mal à encaisser. La planète se transforme. Son âme se meurt. Il devient difficile de rencontrer du sauvage véritable en Europe occidentale. Je ne parle pas de trouver un bout de forêt, qui ressemble de nos jours plus à un parc bien balisé qu’à un lieu véritablement sauvage. Pour un ultra civilisé habité quotidiennement par le béton, les voitures, la foule et le bruit, il est certains que 2-3 arbres représentent la nature la plus sauvage qui soit. Ces arbres deviennent un pont avec un monde perdu dans lequel nous nous trouvions en bien meilleur harmonie. Le risque étant que l’ultra civilisé prenne ce parc comme le véritable sauvage, et laisse mourir la forêt, un peu plus naturelle, parce qu’elle est loin de ses yeux et de son coeur…
Nous sommes à une période charnière. Moment de transformation, de mutation. Le changement peut-être brutal à encaisser. Il peut être difficile de s’adapter à ce monde tel qu’il nous est proposé. Il y a une harmonie à rechercher malgré le chaos qui nous entour. Malgré ce qui va à contre sens de la vie, il y a, plus que de l’espoir, des solutions. Il y a matière à ne pas accepter la fatalité de la déchéance.
Le roseau à cela de particulier, que grâce à ses racines étendues, il est en capacité de nettoyer, de purifier, et de rendre sa santé à une eau polluée. Lorsque le vent souffle, déracine les plus grands arbres et brise les chênes les plus robustes, le roseau chante dans le vent. Il se courbe, plie, mais ne rompt pas. Le roseau à les pieds dans la vase la plus noire, chante avec le vent, et danse avec la lumière du soleil le plus vif.
Imitons le roseau lorsque nous sommes face à des difficultés, des maux, des handicaps. Plongeons nos racines dans nos profondeurs. Cherchons à être le lien alchimique qui transforme la matière sombre en diamant éclatant. Dansons avec le vent. Accompagnons son souffle, sa vie, sa vitalité, sa puissance. Observons ce qui est, et accompagnons le, afin de transformer l’essence de ces choses en ce qui nous fait vibrer. Il n’y a pas de fatalité. Il y a certes, des choses que l’on ne peut pas changer, parce que nous n’avons pas de prise sur ces choses… Mais on peut changer l’essentiel : notre regard, notre manière de voir. On peut décider de subir ou d’agir. On peut décider de sombrer, ou de s’éveiller. Malgré la difficulté de la tâche parfois, il est une certitude : il est toujours possible de changer.
Witto