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Straif (Ogham)

Un voyage dans le monde des Oghams

Straif

Avertissement : Les Oghams ont évidemment des significations bien plus étendues que ce que je présente ici. Le but n’est absolument pas d’être exhaustif, mais de capter le souffle lorsqu’il est présent sur un thème. Cherchez, creusez, explorez, c’est la seule voie… Ici, on va faire râler les anxieux  😈 Bonne lecture.

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Des épines dans le coeur, il cherche son souffle.
Un matin d’automne, le froid pénètre son corps.
Il rampe sur le sol humide.
Il s’ éteint, se fond, dans le gouffre béant.

Une colombe blanche s’élève du sous-bois.
Elle cherche le ciel, sa demeure éternelle.
Un renard la regarde s’élever,
Son espoir à lui s’est envolé.

Le souvenir du goût du sang,
Mais rien que du vent.
Il est toujours là,
Mais peut-être, pas pour longtemps…

La mort, la souffrance, la déchéance, la maladie, l’impuissance. Les dures leçons de la vie. Elles ne sont jamais souhaitées. Elles sont même, la plupart du temps écartées, évitées… Mais elles arrivent immanquablement, tôt ou tard…

Straif n’est pas un Ogham de la joie et de la gaieté. Straif est un Ogham pénétrant. Un Ogham difficile à porter… Pour transformer le plomb en or, il faut calciner, écraser, chauffer, savoir endurer…

Dans une forêt ancienne, des crânes et des os sont accrochés aux branches. Ils préviennent le passant que la poursuite du chemin ne sera pas sans risque. De grandes giclées de sang recouvre les arbres. Les ombres sont en leur domaine. Ici l’espoir est mort il y a bien longtemps. La lourdeur des malheurs, des souffrances se ressent jusque dans l’écorce des bois tombés lors du dernier grand coup de vent.

Les oiseaux se taisent ici. Des corbeaux veillent, et guettent les cadavres aventureux…

Une vieille hante les lieux. Elle est faite de racines épaisses et de branches de prunellier. Ses épines acérées font crever tout ce qui s’approche trop près. Elle ne se protège pas parce qu’elle a trop souffert. Non… Elle n’aime simplement pas ce qui vit. Dure et sans vie, elle s’abreuve au coeur des enfants. Elle n’est pas émue par la jeunesse ou la beauté… Elle se traîne, dans cette forêt sombre. Elle est grande, inquiétante. Elle va vite, et elle voit loin…

Elle connaît le coeur des Hommes parce qu’elle n’est pas obscurcit par les sentiments de tout un chacun.

Elle est maîtresse de la sorcellerie la plus sombre. Elle accompagne les mouvements de haine et de violence. Elle jouit de la souffrance des Hommes. L’oeil brillant, la pitié n’est pas au menu de ses appétits.

Non, ici, au-delà de la nuit, est la demeure de la douleur la plus enfouit, la plus secrète. Il n’y a rien à attendre de ce lieu hormis la mort…

Même les bêtes ne veulent pas des fruits de cette terre. Ils serrent la gorge, et font s’étouffer les imprudents.

Il n’y a qu’un chemin qui mène à ce bois. Rien n’indique où l’on va. Rien ne dit ce qui nous attend là. Seuls des cadavres éparpillés indiquent au passant qu’ici, il n’y trouvera rien de réjouissant.

Néanmoins, parfois, d’étranges personnes s’aventurent en ce lieu de douleur. Elles y mettent le pied, souvent par égarement. Elles s’y perdent, et y sont tourmentées, souvent. Certaines n’en sortent jamais, se heurtant à l’odeur putride qui émanent des creux faits dans le sol par les racines d’arbres abîmés.

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Au coeur de cette forêt, a proximité du lieu où se repose la vieille, il est une source extraordinaire. Elle est sombre, comme le reste de l’endroit. Elle sent l’oeuf pourri à des kilomètres à la ronde. L’eau qui en sort ressemble plus à une boue rouge comme le sang, qu’a un liquide bienveillant. Elle donne la nausée à nombre d’imprudents, qui meurent là, souvent de folie, et parfois seulement de soif.

Mais cette source immonde, aux apparences repoussantes, garde en son coeur un secret. Même les corbeaux, à son sujet restent muets, mais il est un fait.

On raconte que parfois, une fois ou deux par siècle, il y aurait de ces imprudents qui arrivent à sortir de la forêt. Non par le chemin qui les y a amené, mais par un escalier de terre, qui passerait entre les entrailles de vieux rochers. Il y aurait là une issue, mais on n’entend jamais parler de ces chanceux, ou courageux personnages.

Il y a bien un vieux souvenir qui est écrit quelque part dans un vieux livre bien plus anciens que la plus vieille des mémoires.

Il y est écrit, à ce qu’il paraît, qu’un jour, un de ces rescapé de la forêt à été aperçu, volant au dessus de la lune. Il brillait de mille feux, comme un petit soleil en pleine nuit. On dit qu’il avait découvert quelque chose qui l’avait transformé, qui l’avait changé à jamais. On n’en dit jamais plus parce que l’on ne parle pas de la vieille ni de sa forêt. Ca ne se fait simplement pas…

Néanmoins, un soir de pleine lune, en dégustant ma boisson préférée, une fée verte est apparue, et m’a murmuré, au creux de l’oreille, que cette source immonde, dans cette forêt de douleur à des propriétés magiques. Elle ferait mourir… Jusque là, rien d’étonnant…

Mais par cette mort, on serait capable de renaître à un nouveau corps, à un nouvel être.

Goûter à la source de la souffrance peut, parfois, transformer ce qui était lourd en ce qu’il y a de plus précieux.

Le voyage dans cette forêt, si l’on en réchappe, transforme le coeur, la tête et l’âme.

Le plomb devient de l’or. La souffrance une joie, la peur une confiance.

Bien sûr certains ne croient pas à cette histoire, d’ailleurs peu connue. Mais ceux qui, à la source noire ne veulent pas boire, contemplent encore à l’heure où j’écris, par leurs os, les yeux de la vieille, et cette eau, qui à couleur de sang.

Witto

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