« Honorer les dieux, ne rien faire de mal et exercer sa bravoure. »
Voici une triade antique porteuse de sens si l’on reste sur une vision éthique et non moraliste de la chose . C’est à dire, une conception que l’on applique à soi, sans chercher à ce que les autres, absolument, soient dans cette dynamique.
A vrai, dire, et si je veux rester cohérent, je ne vais pouvoir parler que de comment moi, je vois et ressens ces phrases, si concises qu’elles permettent une grande liberté d’interprétation, sans chercher à ériger cela en règle ni à dire comment il faut se comporter lorsque l’on est sur la voie des Druides.
Je sais que beaucoup aspirent à ce que le Druidisme ait une paroles claire, avec des avis tranchés, et relativement uniformes, afin d’entrer dans un processus éventuel de reconnaissance.
Néanmoins, je crois profondément qu’une des particularités du Druidisme moderne, c’est justement de permettre cette grande liberté, qui s’accompagne nécessairement (ou devrait) du plus grand respect pour le cheminement d’un frère ou d’une soeur, et pour quiconque à choisi un autre chemin.
Voici un préambule qui me paraissait nécessaire, tant les mots éthiques et morales peuvent être frelatés aujourd’hui…
Un corbeau croasse sous la pluie battante,
Un bouclier tombe, usé, meurtri, en attente…
La lance file droit dans le coeur d’un grand chêne
Une couronne de fleurs repose au pied de la belle aux pieds d’argiles
Qui êtes-vous, vous devant qui je m’agenouille ?
Qui êtes-vous, vous que j’honore de mes offrandes miellées ?
Qui suis-je moi, pour vouloir vous atteindre par un geste, par un mot ?
Qui suis-je, pour vouloir vous offrir fleurs, hydromel, et chants sacrés ?
Une vague claque sur le rocher,
un tourbillon se brise, la coque d’un bateau est attrapée…
Elle s’accroche, se lamente sur l’écume déversée,
Mais déjà il est trop tard, elle commence à sombrer.
Une lumière d’émeraude raisonne dans une forêt écarlate.
La mousse douce et tendre accueille le pain et le lait.
Dans le courant d’un torrent sec, l’amour et les paroles sont emportés
par le vent fougueux d’un chant d’été.
Honorer les Dieux… Qu’est-ce que cela veut dire ? Où peut-on, où puis-je me situer par rapport à eux ? Et qui sont ces Dieux ? Ne faut-il pas connaître pour vraiment pouvoir honorer ?
Je ne parle pas d’une connaissance formelle qui nous ferait dire que nous honorons le panthéon Celtique.
Connaître, naître avec… Ainsi, les Dieux, et surtout la compréhension, et la vision que l’on en a grandit avec nous… Une réflexion qui promet de durer éternellement sans pouvoir trouver de réponse définitive…
Et qu’est-ce qu’honorer ? Je comprends cela non pas dans la forme, mais surtout dans le temps, dans la continuité. Pour moi, honorer les Dieux s’inscrit dans le quotidien, dans une compréhension de la vie, et de ce qui s’y déroule, dans des actes parfois forts simples de reconnaissance, de remerciements pour la magie de l’instant.
Le choix du chemin à prendre est parfois difficile,
Poussé par ici, nous aimerions aller là…
L’envie donne des ailes, le désir nous souffle dans le dos…
Mais les rafales de doutes nous déroutent, puis nous déroutent,
encore, et encore…
Peur de faire trop bien, peur de faire mal,
peur de ne pas faire assez…
Laissons là le cadeau empoisonné,
et laissons-nous emporter par la joie et la gaieté.
L’univers salé des ténèbres nous fait étouffé…
A trop vouloir se battre, on fini par s’user.
La rivière, sur le dur rocher à toujours le dernier mot…
Savoir naviguer, changer, aimer, puis quitter,
Et à nouveau, aimer…
Suivre le cap, la lumière à l’horizon,
celle que l’on poursuit jour après jour, à la limite du désespoir,
A trop vouloir s’approprier le soleil on s’essouffle, on flétrie ses ailes.
La lumière ne peut être possédée, mais l’étoile toujours est là, brillante…
Le jour visible, la nuit, cachée…
Ne rien faire de mal… Parole difficile dans un monde où la culture dualiste majoritaire, à force de trop simplifier, à galvauder et rendu stérile. Néanmoins, je crois que chacun peut comprendre cela comme une ligne de conduite. J’entends également en échos un « fais de ton mieux ». Il n’est pas dit ici de manière catégorique qu’il faille à tout prix faire le bien. Car malgré nos bonnes volontés, on ne peut réellement savoir la finalité de nos actes. Néanmoins, si l’on considère « le mal » comme ce qui abîme, détruit, rend stérile et appauvrit, alors, cela peut donner une ligne que l’on peut suivre pour soi-même…
Ne pas faire le mal, c’est s’ouvrir au beau, au léger, au doux et chaud… Ne voyez pas ici un discours mièvre et lénifiant, mais un chemin de vie qui met l’amour au premier rang… Qu’on se le dise…
Un pont fait de lames acérées,
La défaite promise, en offrande, le sang desséché.
Vaincre la peur qui nous pique à chaque moment,
Ne pas attendre, mais avancer, prendre les devants…
Héros aux cheveux d’or,
tu choisis de mourir jeune,
plutôt que vieillir auprès de tes enfants
Le courage, la renommée, viser l’immortalité
Toujours continuer, plus haut, plus loin,
Ne jamais reculer.
Mourir debout, à un rocher accroché,
afin surtout, de ne jamais tomber…
Exercer sa bravoure. Dans nos contexte de société moderne occidentale, je vois cela véritablement dans ce qu’il y a de plus dynamique. Cela vise le mouvement… Au delà de ses peurs, ne pas rester figer. Ne pas craindre de se mettre en danger. Au delà du danger physique, je vois là, surtout le danger de la remise en question perpétuelle, celle qui nous met dans l’impossibilité d’être sûr de quoi que ce soit de manière définitive…
Cela ne veut pas dire non plus évoluer sans structure, mais au contraire, construire cette structure, la solidifier, puis prendre de la hauteur et élargir sa vision…
Et je trouve cela passionnant, parce que, exercer sa bravoure, si on s’éloigne quelque peu de sa nature guerrière qui n’a plus trop de sens aujourd’hui, nous amène vers la découverte de ce qui nous fais peur, de ce qui nous est étranger… Cela nous pousse à nous confronter à la réalité de qui nous sommes véritablement. Cela nous pousse à l’humilité, et je crois, à la générosité…
Tout ceci est bien court, et pourrait être très largement développé, mais je souhaitais partager avec vous cette triade, qui est pour moi une piste pour mon quotidien dans un cheminement Druidique.
Toutes ces réflexions que je partage ici sont faites pour être retravaillées, encore et encore au feu de l’expérience… Pas de définitif, jamais, mais du mouvement, de la joie, de la vie…
A bientôt,
Witto
Bravo witto , continue à faire de ton mieux ,c’est très beaux ce que tu partage,Merci.
Charlotte