Une danse, un requiem. Les jours, les nuits, les saisons, ma vie. Elle tourne et tourne encore cette roue d’éternité. Jamais elle ne cesse, même lorsqu’on la maltraite, d’exister et de tourner. Inlassablement le flot du temps poursuit son chemin. Un chemin qui mène vers l’ailleurs, un autre moment, un autre temps. D’abord vint la nuit, l’obscurité, sombre et profonde. Celle qui, à première vue, ne laisse de place pour rien d’autre. Et bien cette nuit sombre à fait de la place. Elle à laissé de l’espace à une étoile, un jaillissement de lumière. De ce diamant d’obscurité est née une étincelle. Une lumière blanche qui baigne tout, qui nourrit tout, qui dévore tout. Depuis ce moment de partage, la roue c’est mise à tourner. Inlassablement depuis le commencement des temps. Une valse merveilleuse, des amants qui s’enlacent éternellement, tournoyants, dansants et chantants.
Au petit matin, la nuit encore bien présente, on sent que le jour à envie de grandir. Bien avant que le soleil ne montre ses premiers rayons, il est possible de voir clair dans l’obscurité noire. A vrai dire l’un ne cède pas la place à l’autre. Ils se poursuivent. La lumière ne chasse l’obscurité que pour celui qui est immobile. Celui qui reste là pense que le monde tourne autour de lui. Non. En fait l’obscurité poursuit son chemin, tout comme la lumière poursuit son chemin. L’un et l’autre. Parfois l’un dans l’autre aux aurores et aux équinoxes. Rien de bien tranché, et pourtant, malgré tout séparés.
Une danse, un requiem, les saisons, ma vie. Le froid et le chaud se succèdent au fil des jours et des nuits. Le froid et le chaud se succèdent au fil des saisons. Comme pour nous inviter à nous dévêtir, puis à nous enlacer. Invitation à l’amour, à la sensualité, toujours. L’hiver d’abord, le froid, les nuits plus longues que les jours. Période d’intériorité, d’exploration de ce que l’on a en soi. Période de partage de moments avec les siens, auprès du feu qui réchauffe et illumine. L’hiver est le temps du conte. Dans la nuit, on découvre nos peurs, nos désirs les plus secrets. Dans la nuit on découvre l’autre, au-delà de la vision, au-delà du contenant. La nuit est le temps du réel, du vrai. Pas de vernis. La vieille est là, dévorant les lâches et les menteurs. Qui es-tu à l’intérieur ? Y a t’il un feu qui brûle dans le foyer ? Ou tout est-il aride et desséché ? Voilà les questions qu’elle pourrait poser lorsque le temps est venu. Les yeux ne servent plus. Il faut toucher, explorer, aller à la rencontre de ce qui nous fait. Sensualité d’un moment partagé pendant une nuit enneigée…
Après l’hiver, tout doucement la lumière prend un peu plus de place. Les graines ont pris le froid. Elle se sont suffisamment abîmées pour laisser jaillir la puissance de la vie. Le printemps arrive timidement. Il pousse la porte avec prudence. Mais lorsqu’il sait que le moment est arrivé, il met un grand coup de pied et pénètre tout. La force jaillissante peut alors vivre, s‘épanouir et grandir. La chaleur revient. Il est temps de sortir, et de découvrir le monde. Il est temps de se faire beau, d’aller découvrir sa bien aimée. Le printemps n’est pas le temps de la vérité. Le printemps est le temps de la séduction. Il faut paraître pour courtiser. Sortir nos plus belles plumes, nos plus beaux chants. Il faut impressionner. C’est le temps de la jeunesse, de la vitalité. Parfois il faut se battre pour gagner le droit de boire à la coupe…
La chaleur gagne encore du terrain. L’énergie est à son paroxysme. Le temps du cornu est venu. Il est passé de l’autre monde dans ce monde pour le féconder. Les âmes des morts sont prêtes à se régénérer. Du dessous, il jaillit au dedans. Prêt à dévorer le monde pour pénétrer la terre de son désir insensé. La belle ne peut qu’être séduite. La reine sera conquise. Le roi l’emportera en sa caverne faite d’or et de diamants. Là il l’emportera au pays d’amour, un jour, une nuit, éternellement. La terre sera ensemencée. Une nouvelle générations pourra poursuivre l’aventure de la vie. Croître et grandir, voici les lois du cornu…
La chaleur étouffe le monde de ses crocs acérés. La vie est en suspend. Parfois les feuilles des arbres sont brûlées. Le roi est maître en sa demeure. Il règne dans toute sa perfection. Il juge et réglemente. Il célèbre ce qui à été fait. Sa nourrice est morte d’avoir donné la vie. Il ordonne la célébration. Un temps d’attente. Plus de guerre, plus de querelles. Il est temps de se souvenir de ce qui à été fait. Un recueillement plein de joie, de partage, de confiance en ce qui adviendra. Le travail à été fournit en abondance alors festoyons à la vue de tous, tant que la lumière est encore présente dans le monde…
La lumière se fait plus chaude au petit matin, mais déjà elle décline. La chaleur retourne à l’intérieur de la terre. Il est temps d’engranger, de rentrer ce qui doit l’être. Les enfants sont nés. Ils vont accroître le cercle de la veillée à la nuit tombée… Pour eux, une première année va démarrer. Pour les anciens, la roue continue à tourner…
Un souffle, une respiration. L’ alternance de ce qui s’exprime et de ce qui inspire.
Witto