Sorcellerie, magie, sorcier, jeteur de sorts… Beaucoup de fantasmes, et beaucoup de choses sont dites à ces sujets. Il y a beaucoup de tabous également, de crainte, d’à priori… La sorcellerie a une aura ténébreuse, brumeuse, parfois sombre, et pour ceux qui n’y connaissent pas grand chose « Diabolique ». Je vais ici vous présenter MA vision des choses, je ne l’impose évidemment à personne. Et même si cette vision était juste, et généralisée, ce n’est pas parce que je l’écrirais ici que vous me croiriez… Donc si vous n’êtes pas d’accord… doutez, je n’ai pas de problème avec cela. Et je trouverais cela plutôt sain si d’aventure vous vous déconnectiez quelques temps pour aller voir par vous même ce qu’il en est…
Un des problèmes que nous avons dans nos sociétés vis à vis des pratiques sorcières n’est pas véritablement celui de la rationalité ou non de la chose, mais bien plus un souci moral concernant celle-ci. Nombre de personnes, y compris dans les mouvements neo-païens ont encore du mal à se décoller des grands principes judéo-chrétiens qui sont, qu’on le veuille ou non, ancrer de manière très puissante dans notre société. Ainsi, au delà des chasses aux sorcières qui eurent lieu tout au long de l’histoire, quelles qu’en soient les raisons, ce qui pose problème dans la sorcellerie, la magie, c’est que ces pratiques nous ramène idéologiquement à notre passé païen. Pratiques, d’ailleurs qui sont encore bien d’actualité sous une forme ou sous une autre..
Ainsi, dans la pensée judéo-chrétienne, il y a une forme de fatalité face aux événements qui implique que ce qui arrive est la volonté de Dieu. D’ailleurs, à une certaine époque, le fait de soigner quelqu’un était mal vu, car, pensait-on, la maladie devait être un châtiment de Dieu. Evidemment, en pratique, il y a les cierges offerts aux saints (dans le Catholicisme), les messes dites pour telle ou telle raison, les magies chrétiennes ou assimilées, etc, etc… Grâçe aux Dieux, la pensée monothéiste pure n’a pas dominée en notre pays, et nous pourrions voir le Catholicisme comme un Voodoo occidentale, mélange des croyances et pensées païennes Celtiques et Germaniques, avec une imagerie et une morale Chrétienne…
D’un autre côté, la pensée magique, avec son bras armé, la sorcellerie, part du principe qu’il est possible d’infléchir le destin, d’agir sur le sort. Lorsque l’on connait les arcanes du monde qui nous entoure, il est possible d’être acteur de notre vie, dans une certaine mesure.
Dans l’absolu, nous ne pourrons jamais savoir si nous décidons vraiment, ou si nous suivons simplement un destin tracé d’avance. Il s’agit, dans un cas, comme dans l’autre, de croyances, même si quelques uns prétendrons connaître les secrets des Dieux. (Alors plutôt que de nous inventer des histoires séduisantes, apprenons à choisir nos croyances, et soyons conscient de leurs nature, on fera du bien au monde…) En effet, si nous agissons, nous pouvons tout autant dire que c’est notre destin de faire ainsi (enfin moi, je pourrais vous le dire)… Il ne s’agit donc pas, en ce qui nous concerne ici, de dévoiler, ou de tenter de comprendre les réalités de l’univers, mais simplement de mettre en perspective une vision du monde par rapport à une autre…
Ainsi, le sorcier est le jeteur de sorts. Selon le littré : « Le sort : Destinée, considérée comme cause des événements de la vie, suivant l’idée des anciens ». Ainsi, le sorcier serait celui qui agirait sur la cause des événements de la vie… Afin d’infléchir le destin, il s’agit d’entrer en résonance avec le monde qui nous entoure, avec les subtilités de celui-ci… Faire couler de l’eau sur une certaine pierre fait pleuvoir. Accrocher un souhait à la branche d’un arbre emporte celui-ci vers des oreilles attentives, qui sauront nous entendre. Une pierre ou un oeuf peuvent se charger de maux, malaises et autres maladies… Confions-les à un arbre fort, et cet arbre prend cette maladie pour lui et nous en délivre… Le language de la magie est celui du symbole, de la métaphore, de la parabole, des rèves… Il n’est pas question d’une rationnalité raisonnante, mais bien d’une rationalité magique. Oui, la démarche magique, sorcière est rationnelle. Elle parle d’un monde cohérent où chaque chose à sa place, et chaque place à sa chose. Modifions cet ordre, et le chaos apparaît. Rétablissons l’ordre, et la santé re-née. La rationalité magique n’est pas une pensée de hachoir. Ici, nous ne coupons pas le monde en morceaux pour mieux l’observer. Non, la pensée magique c’est plutôt cultiver les liens, les comprendre, les mettre en mouvement, en action par le rituel. La pensée magique, c’est la pensée du lien, du sens.
Le sorcier est celui qui agit sur ce sens. Il est celui qui à le pouvoir de faire, et de rendre droit ce qui est tordu, mais également de tordre ce qui pourrait être droit…
J’ai récemment, lors d’une interview entendu une question intéressante : « Pourquoi, dans le domaine du « paranormal », la sorcellerie fait-elle peur ? Alors que beaucoup de personnes vont voir, plus ou moins ouvertement, des voyants ou des mediums ? » Ma réponse serait que la sorcellerie, contrairement à la voyance, est agissante. Etant invisible, elle pourrait rôder autour de nous. Nous toucher, nous brutaliser… Ouvrant par là, la porte à tous les fantasmes de la psyché humaine… La voyance donne des réponses, cela rassure… La sorcellerie pose des questions, cela fait peur…
Ainsi que je l’ai dis, la sorcellerie est ce qui agit sur le sort, sur le destin. En ce sens, elle n’est qu’un outil. Mais une autres des stigmates de la pensée judéo-chrétienne à ce sujet laisse à croire que la sorcellerie par nature et par essence est mauvaise, noire, négative, criminelle, pathologique, etc, etc… Non, la sorcellerie, la magie, n’est pas mauvaise par elle-même. Un couteau n’est pas mauvais. Un marteau non plus. Il s’agit là d’outils. Ce qui va caractériser leur bienfaisance ou malfaisance, c’est l’utilisation qui en sera faite. Rien de plus, rien de moins…
Je souhaiterais ajouter que c’est sciemment que je préfère utiliser le terme de sorcier plutôt que mage, grand druide noir ou guimauve folle des antilles (et je n’ai rien ni contre les guimauves, ni contre les antilles). Il est une manière de pensée toute arrogante qui estime que le mage est celui qui à étudié, compris, réfléchis, et bla et bla et bla… Tandis que le sorcier serait grosso-modo l’abruti du village qui applique idiotement des recettes sans trop comprendre ce qu’il fait. Je ne vais pas rentrer dans les détails sur ce que je pense à ce sujet ici, mais entre le bouseux paysan qui aide sa communauté avec les moyens qui sont les siens, et le loustic qui se la pète en robe blanche de satin et qui tourne en chantant dans son salon avec à la main un Bacculum qui témoigne de ses complexes profonds, mon choix est vite fait ! (Et si vous chantez dans votre salon en satin, je vous assure que vous n’étiez pas visé).
Dans de prochains articles, je vous parlerais du fonctionnement de la magie, de la sorcellerie, des théories de la pensée magique, de ces outils, et d’une manière nouvelle (pour certains) d’appréhender le monde.
Merci de m’avoir lu et à bientôt,
Witto